Après-Ski (1971) – La hivernale décadence francophone
Après Ski est une comédie d’hiver aux airs de farce, ce long métrage se déploie sur les pistes enneigées d’un centre de villégiature. Sous cette couche blanche et glaciale, brûle la flamme d’un monde jeune, fou, avide de liberté et de volupté.
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Le film nous transporte dans un univers où la morale s’évapore. comme la vapeur d’un chocolat chaud laissé sur le poêle. Les personnages, sont tout à la fois sincères et menteurs, amoureux et cyniques. Il y a d’abord notre protagoniste, jeune homme sans titre ni fortune. Mais il est animé de la fougue de l’aventure et du feu des sens. Autour de lui gravitent des femmes radieuses et des compagnons frivoles. Cette éternelle tentation de céder à la chaleur des corps pour échapper au froid du monde.
Roger Cardinal, dans son audace, compose ici une fresque populaire. La mise en scène, d’une simplicité presque rustique, cache pourtant une certaine élégance. Les chalets deviennent des forteresses de plaisir. Les pistes de ski des champs de bataille où s’affrontent les désirs masculins et féminins dans une lutte sans vainqueur.
La couche de neige donne envie de se coucher
Mais au-delà des plaisirs de la chair et des rires faciles, Après-Ski révèle une profondeur inattendue. Sous les sourires et les étreintes, on perçoit la solitude moderne. Celle d’une génération qui cherche dans le tumulte festif une échappatoire au vide existentiel.
Le style du film, oscillant entre la comédie érotique et la satire sociale. ça évoque le mélange de légèreté et de gravité. Les dialogues, pleins de verve, résonnent comme des duels verbaux où l’esprit remplace la rapière. Et s’il faut parler de l’érotisme, qu’on le fasse avec franchise. Il est là, insolent, mais jamais vulgaire. Cardinal préfère la suggestion à l’exhibition, et ses actrices ont une beauté naturelle.
Dans cette avalanche de plaisir et de poudreuse, Après-Ski s’impose comme un témoin de son temps. Celui des années 70, époque d’émancipation, de désinvolture et d’excès. C’est une œuvre modeste mais sincère, et comme souvent dans le cinéma populaire, la vérité s’y niche entre deux éclats de rire.
A l’afiche : Le Roi De Cons